Je suis toujours en phase intensive de corrections et ai à nouveau réussi mes objectifs hebdomadaires, pourtant difficiles à atteindre cette semaine : je devais corriger 4 chapitres, du 7 au 10 compris. Je m’attendais à devoir éliminer le chapitre 9 et à reprendre légèrement les autres, mais je m’étais trompée : j’ai fini par réécrire presque entièrement le 7 et le 10… 😉

Entre autres choses, j’ai surtout consacré du temps à un meilleur rendu de mes méchants.

Car mes bêta-lecteurs m’ont, de façon quasi unanime, pointé deux défauts dans leur traitement.

 

1) Des antagonistes moins stupides

Même si j’ai des raisons pour utiliser des « hommes de paille » pas forcément toujours futés, on m’a justement fait remarquer qu’à ne combattre que des idiots, mes héros ne donnaient pas l’impression que la tâche était si difficile que cela.

En effet, dans cette scène de bataille, la première où l’héroïne, amnésique et impuissante, les découvre pour la première fois, on ne tremble pas pour Sylvine et son compagnon, Olivier, jamais véritablement mis en danger. Les méchants apparaissent comme des êtres désincarnés, à qui je ne donne pas la parole. En quelques coups d’épée, hop, le combat est terminé…

 

Avant

Derrière les deux ennemis, qui brandissaient leurs sabres avec moins de dextérité, mais plus de brutalité que le jeune homme, elle pouvait voir une autre silhouette. Celle-ci, restée un peu en retrait, faisait preuve d’une immobilité surprenante.
Olivier dit alors, entre ses dents serrées par l’effort :
— Les Maudits… sont des êtres… de la nuit. Ils sont le plus à leur aise… dans… le noir…

Sylvine adressa un regard étonné à son compagnon. Il lui présentait son profil, ses adversaires s’étant légèrement décalés sur sa droite, et de la sueur perlait sur son front. Elle se demanda pourquoi il avait fait ce commentaire à son intention.
Elle appréciait évidemment d’en savoir plus sur leurs ennemis, mais ne pensait pas que ce fût le moment idéal pour qu’Olivier fît son éducation sur ce sujet…
Les Maudits aimaient la nuit et c’était la nuit. Bien.
Ils avaient donc l’avantage, elle pouvait d’ailleurs s’en apercevoir par elle-même. La remarque du jeune homme ne l’éclairait pas énormément.
Alors qu’elle se faisait cette réflexion, un déclic se fit dans son esprit et ses doigts tâtonnèrent fébrilement sur les lanières accrochées à sa taille. Des êtres de l’ombre n’apprécieraient sûrement pas de se retrouver par surprise face à de la lumière.
Elle brandit soudainement sa lampe, qu’elle avait allumée d’un mouvement vif du doigt, devant le visage des deux Maudits, subitement éblouis.

Quelques secondes plus tard, ils gisaient morts à leurs pieds, Olivier ayant profité de leur recul pour leur porter le coup fatal.

 

Après

Dans mon retravail de cette scène, j’ai essayé de donner un peu de personnalité aux assaillants. Une tentative de soudoyer le compagnon de Sylvine, d’utiliser une opportunité pendant la bagarre… Quant à Sylvine, elle ne révèle pas sa stratégie, ce qui (normalement) apporte plus de tension. Enfin, Olivier a perdu un bout de sa manche (c’est plus sexy en plus. 😀 )

Derrière les deux ennemis, qui brandissent leurs sabres avec moins de dextérité, mais plus de brutalité que lui, la troisième silhouette, restée un peu en retrait, fait preuve d’une immobilité surprenante.
— Allons, mon p’tit gars, sois raisonnable, lance le maigre, on te veut pas du mal, tu sais bien. Il n’y a qu’elle qui nous intéresse. Laisse-nous la ramener chez nous, on te fera rien. Suffira juste de dire que t’as rien pu empêcher, qu’on était trop nombreux.
— Ben voyons, persifle Olivier. Tout le monde sait à quel point vous êtes des hommes d’honneur. Toujours à attaquer dans le noir, par-derrière si possible, Maudits que vous êtes !
De toutes ses forces, il rejette les armes qui viennent d’essayer de le piéger. Les lames grincent, tout comme les dents de ses adversaires.
Sylvine a alors une idée. Ses doigts s’activent à sa taille et agrippent l’objet froid et solide qu’elle vient de dénouer de sa ceinture. Ils tâtonnent jusqu’à trouver le petit mécanisme. Elle attend, attend…
Les deux Maudits accentuent leurs frappes, prenant plus de risques. Le front en sueur, Olivier doit reculer face à leur assaut conjoint. Le plus trapu des deux, sur sa gauche, reste silencieux mais assène les coups avec la régularité d’un bûcheron en train de fendre du bois. Il porte soudain un coup tout près de l’épaule d’Olivier : le tissu se déchire tandis qu’il ricane comme une hyène.

— Hihihihihihi.
Mais Olivier a déjà enchaîné sur une botte et son épée se plante dans la poitrine de son adversaire. C’est l’occasion qu’attendait le deuxième comparse pour fondre sur son flanc droit, resté à découvert.
Sylvine s’interpose alors entre les deux hommes : sa lampe, qu’elle vient d’allumer d’un mouvement vif du doigt, éblouit le Maudit, et la lame rate sa cible. L’homme hurle avant que son cri ne se termine dans un gargouillement. Olivier, lui, a touché son adversaire, et lui a porté le coup fatal.

 

2) un méchant plus charismatique

Je vais vous confier un secret : j’adore mon grand méchant, Rohé… ♥ Pour moi, il est l’un des personnages le plus intéressants et d’ailleurs j’ai prévu de lui consacrer un « 5ème » tome (plutôt un spin-off) lorsque j’aurai fini d’écrire ma série.

Je trouve que Céline lui a particulièrement rendu hommage avec son illustration, probablement ma préférée. ♥

corrections - les méchants - Rohé

Rohé, illustration de Céline Lacomblez

NB : si le personnage vous intéresse, vous pourrez en savoir plus sur lui en lisant son interview... 😉

 

Avant

Dans la scène ci-dessous, je présentais pour la première fois mon « big méchant » via les sentiments de Sylvine. Or, elle n’a encore jamais rencontré Rohé et cela met celui-ci à distance, autant d’elle que du lecteur. On n’est, tout simplement, pas impressionné malgré tout ce que je peux écrire sur ses particularités. Il s’agit plus d’un résumé que d’une réelle introduction du personnage…

 

C’est la meilleure nouvelle qui ait été délivrée lors de ce conseil. C’est d’ailleurs la seule, et Sylvine se rembrunit un peu en se rappelant l’inquiétude manifestée par ses pairs au sujet des manigances de Rohé, cet aventurier qui a été éjecté du Conseil de Citara il y a un cycle de cela, pour ses intentions clairement dominatrices sur le pays.

Venu du sud, apparaissant au départ comme un généreux donateur en distribuant autour de lui les gemmes vertes issues de ses mines, il avait fasciné les Citariens par l’aura de mystère qui l’entourait. Le visage couvert de cicatrices ainsi que d’un immense tatouage en forme de lézard, il dégageait pourtant un charme magnétique et plus d’une femme avait défailli sous son regard tout en reconnaissant qu’il avait quelque chose de diabolique.

 

Après

J’ai essayé, autant que faire se peut, d’intégrer la présentation de Rohé de façon plus vivante, même si, comme nous sommes dans les souvenirs de Sylvine et qu’elle ne le rencontre que plus tard dans l’histoire, je ne pouvais pas le rendre physiquement présent. J’ai donc utilisé le discours direct de la « chef du village » (que l’on retrouve dans quelques pages, ce qui me permet de l’introduire dès à présent) pour montrer tout ce que le personnage de Rohé a d’inquiétant… Et je crée une tension en indiquant à quel point les personnages craignent ses futures actions…

 

— Notre pays est bien jeune pour affronter les responsabilités nouvelles qui l’attendent. Il va devoir déjouer les manigances de Rohé et ses intentions dominatrices sur Citara. Vous le savez, j’ai connu le seigneur des Sous-Terres lorsqu’il figurait encore au Conseil, il y a un cycle de cela. Eh bien, je peux vous dire que ce n’est ni son visage ni son regard diabolique qui sont le plus à craindre. C’est son intelligence. Il semble avoir toujours un tour d’avance sur ses adversaires. Or, désormais, ses adversaires, c’est nous.

Comme les autres, Sylvine frémit en repensant à l’aventurier à la sinistre réputation.
Venu du sud, apparaissant au départ comme un généreux donateur en distribuant autour de lui les gemmes vertes issues de ses mines, il avait fasciné les Citariens par l’aura de mystère qui l’entourait. Elle-même ne l’avait jamais vu et avait du mal à comprendre comment un être que l’on décrivait hideux au possible, avec son visage couvert de cicatrices et de tatouages en forme de lézard arrivait à séduire autant de femmes. Sûrement que de la magie noire était à l’œuvre dans tout cela.

 

Voilà, comme toujours dans cet exercice de l’avant-après, je me livre vraiment avec ces bouts de texte : j’ai toujours peur que vous n’appréciiez pas la version retravaillée et comme j’ai encore beaucoup de boulot qui m’attend avec la suite de l’histoire, j’espère ne pas être découragée de tout ce qu’il me reste à faire…

Par contre, si vous avez trouvé une amélioration, n’hésitez pas à me le dire, ça m’aidera ! 🙂

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