Et voici le héros de Citara, Olivier…

L’illustratrice, Céline Lacomblez, l’a saisi dans un moment que j’aime beaucoup : celui où il est « Pulseur » (un peu l’équivalent citarien de batteur).

Pour vous aider à appréhender l’instant, je vous conseille de lire :

 

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            Elle soupire, mais des voix la tirent de ses pensées. Des voix ? Non, il s’agit d’autre chose.

Et pourtant elle a le sentiment d’avoir été appelée.

Des coups sourds pulsent de sous le seuil de la Taverne à quelques mètres d’elle. Irrésistiblement attirée par le son, elle pousse la porte.

Le lieu paraît à première vue en proie aux Brumes, mais il s’agit plutôt d’une sorte de vague de chaleur dégagée par la foule des corps qui s’y pressent. Tout Enu s’est manifestement donné rendez-vous là. Partout, des exclamations fusent, des rires, des bruits de verre, tandis que le parfum du vin épicé et de la Puissante, la bière préférée de Radj, arrive à ses narines.

Elle essaie de déceler, au milieu de tous ceux présents, un visage connu, mais la foule est trop compacte et ses amis ne se trouvent pas à proximité.

Elle se fraie donc un chemin au milieu des corps agglutinés là dans un amas de couleurs et d’odeurs disparates.

La musique, qui s’était un temps faite discrète, enfle à nouveau. Écorcelle et ses amies auraient sûrement du mal à considérer comme telle les pulsations qui envahissent à présent les lieux. Trop… primaires, sans doute. Mais pour Sylvine, celles-ci semblent soudain résonner au plus profond d’elle, en une harmonie aussi complète que sauvage. La musique occupe désormais la taverne tout autant que les corps qui s’y pressent. Elle touche chaque parcelle de la peau de Sylvine, effleurant également son cœur et son âme.

Elle réalise que c’est un Pulseur qui joue. Elle en a déjà entendu un, lorsqu’elle était enfant, et se souvient encore de la fascination qui avait été la sienne.

Les coups sourds battent en elle et la jeune fille oscille au bord du vertige, attendant, voulant… elle ne sait trop quoi.

Deux des personnes qui bloquaient son avancée s’écartent à ce moment et elle en profite pour se faufiler dans l’espace ainsi libéré.

Ses yeux tombent alors sur un spectacle captivant, celui du Pulseur en pleine action.

Dans l’ombre où il joue, elle ne distingue que sa silhouette musclée. L’homme est debout et tape sur un grand cylindre au moyen de deux lourdes massues. Toujours plus fort, toujours plus vite.

Quand il ne tape pas, il continue à vivre le rythme, et se balance de gauche à droite, en hochant la tête.

Plusieurs personnes, debout devant la petite estrade où il se produit, font de même.

Sylvine ne s’en est pas aperçue, mais elle aussi pulse sur place. Ses pieds, ses genoux, ses jambes sont comme portés par la musique et elle tangue bientôt en rythme avec le Pulseur, envoûtée au plus profond d’elle-même.

Tadam-dam-DAM, TAM, Tadam-tam-ta-DAM.

Les battements sur la caisse en bois se sont substitués à ceux de son coeur. Ils sont autant un appel qu’une réponse et ne laissent plus place aux doutes, aux questions ou aux angoisses.

Seule subsiste la conscience de son corps et de la vie qui le parcourt.

Elle tressaille tout de même lorsqu’à la lueur d’une lampe soudain levée, le Pulseur se retrouve dans la lumière et révèle sa splendide beauté animale : son torse est nu et couvert de sueur, les muscles se contractent sous l’effort consenti, tandis que le regard intense trahit la concentration dans le moment.

Sylvine ne peut détourner les yeux, fascinée. Encore moins lorsque ceux du musicien se lèvent vers elle… et la retiennent captive.

Tandis que le rythme semble tout à coup se déchaîner, plus rien n’existe pour Sylvine que ce regard et les émotions qui agitent son corps. Elle frémit de tout son être sous l’invasion de la musique tout autant que du regard perçant. Elle est à la merci du Pulseur, elle est sienne à cet instant précis.

Ce n’est que lorsqu’Olivier abat triomphalement ses massues pour la dernière fois, et que le silence se fait, que Sylvine ferme les yeux, ébranlée au plus profond d’elle-même tandis que l’onde de choc déferle en elle.

Il reste comme une… douleur dans le bas-ventre, une envie insatisfaite, un besoin de plus.

Elle rouvre lentement les paupières. Olivier n’a pas bougé et la regarde toujours. Il semble ressentir la même chose qu’elle : une expression de souffrance est peinte sur son visage, comme si lui aussi voulait l’inaccessible. Ses lèvres murmurent quelque chose. Un mot.

Ce personnage est presque le dernier dessiné par Céline.

Je dis « presque » car elle a aussi travaillé sur un personnage « mystère », que je vous dévoilerai bien plus tard… Mais je peux tout de même vous laisser sur un teasing…

détail Virginie

En tout cas, j’espère que vous ne manquerez pas de la féliciter pour son travail ! Cela me fait tout drôle de me dire que celui-ci est terminé… Enfin… Jusqu’à ce que j’aie fini d’écrire le tome 2, peut-être ? 😉

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