Mes réflexions sur le 9ème baromètre de la SCAM, paru en mars 2023, sur les relations entre auteurs et éditeurs, un rapport qui s’intitule « L’inertie »… 😎
Le baromètre SCAM, kezaco ?
Même si cela fait des années que ; de mon côté, je lis le baromètre de la SCAM dès sa publication, il est possible que vous n’en ayez pas encore entendu parler. Alors voici une petite présentation sommaire de l’étude en question.
La SCAM est « une société d’auteurs qui (…) négocie, collecte et répartit les droits d’auteur de ses membres », une organisation à laquelle j’ai adhéré en 2021. En partenariat avec la SGDL, une autre entité chargée de défendre les droits d’auteur, elle sonde tous les 1 à 2 ans les auteurs membres en leur soumettant un questionnaire, dont elle partage ensuite les conclusions publiquement.
En ce qui concerne cette 9e enquête, elle « a été réalisée en ligne du 8 novembre au 4 décembre 2022 auprès de 16 000 auteurs de l’écrit, membres de la Scam et/ou de la SGDL. ». 16 000 auteurs concernés, certes, mais seulement 1 033 qui ont répondu.
Un bilan général plutôt négatif
Le titre du rapport l’indique bien, ce qui résume l’année 2022, c’est l’INERTIE. Or, cette inertie est à rapprocher d’une situation initiale (celle des années précédentes) qui n’était déjà pas bonne.
Voici ci-dessous les points qui ont plus particulièrement attiré mon attention*.
La situation professionnelle des auteurs
Encore « 67 % exercent un autre métier qui, pour un tiers d’entre eux, n’est pas du tout lié à leur univers d’auteur. 46 % de ces auteurs ont une nécessité de double activité pour vivre. »
Le travail de l’éditeur
44 % des auteurs donnent à leurs éditeurs une note de… 0 à 4 concernant la promotion de leurs livres. 😱
La promotion des livres
Le réseau qui est le plus utilisé pour la communication – et nettement – c’est… Facebook 😲 (87% des auteurs), tandis qu’Instagram est en deuxième position, mais seulement avec 55 % des réponses.
Il est toutefois nécessaire de remarquer que ce n’est pas parce qu’une MAJORITÉ d’auteurs communiquent sur Facebook… que c’est le réseau social le plus efficace : l’étude ne dit rien sur les résultats de ladite communication… 😎
Les contrats
Manque de clarté de ces derniers, situation financière difficile pour les auteurs, ressuscitation effarante du contrat de compte à demi (« engagement réciproque de partager les bénéfices et les pertes d’exploitation, dans une proportion prévue », entre l’éditeur et l’auteur, sur le site de la SGDL), tous ces points sont abordés dans le rapport, mais je voudrais revenir sur deux informations qui m’intéressent tout particulièrement.
- de moins en moins d’auteurs signent les droits d’adaptation audiovisuelle (49,5 % en 2022 contre 53 % en 2020 et 55% en 2015) ;
- « Seuls 7 % des auteurs ont déjà négocié un contrat pour une exploitation uniquement numérique, encore moins qu’en 2020 (10 %) ! »
L’après-crise sanitaire
Là encore, on trouve de nombreuses données dans ce rapport, mais je me suis surtout arrêtée sur celles-ci :
Rien ne peut battre l’édition indépendante en termes de délais : deux des livres que j’ai récemment accompagnés ont été respectivement publiés en 4 mois (à partir de la fin du premier jet) pour le premier, « Après la pluie, le bonheur » et en… 2 mois seulement pour le deuxième, « Malory et le mystère de Greasper Town » (mais son autrice est venue à moi après l’étape de la bêta-lecture et des corrections linguistiques, ce qui explique ces délais raccourcis).
Les droits d’auteur
Moi, lorsque j’explique le système des droits d’auteur, je « simplifie » toujours les calculs en me basant sur un taux à 10 %. Mais il s’avère que la moyenne est inférieure à ce nombre.
Rien à faire, chez moi, c’est une injustice qui ne passera jamais : je n’admets pas que l’auteur/l’autrice du livre soit la personne LA MOINS BIEN RÉMUNÉRÉE de tout l’écosystème éditorial. 🤷♀️😤🤦♀️
Pour comparer avec l’autoédition, si je passe par des plateformes de distribution comme Amazon, je perçois 60 % des bénéfices pour le livre papier (prix de vente moins coûts de fabrication) et 70 % pour le livre numérique. Et en cas de ventes directes, ce taux peut monter jusqu’à 75 % du prix TTC du livre en ce qui me concerne. 😎
La reddition des comptes
Signer un contrat, ok. Mais entre la signature, la publication et… les premiers euros qui vont tomber dans votre escarcelle, il va s’écouler des MOIS. L’auteur ne sera payé qu’après la reddition des comptes, une opération qui intervient en moyenne une fois par an.
Là, encore, le baromètre indique plusieurs données intéressantes, mais je voulais, moi, m’attarder sur deux d’entre elles.
- « 93 % [des auteurs] n’ont pas accès à une information régulière des ventes de leurs ouvrages en dehors de la reddition des comptes. »
Mes remarquesCela veut dire qu’un auteur/une autrice en maison d’édition, n’a aucune idée – sauf en cas de communication spontanée de la maison d’édition vers lui – du nombre de livres qu’il/elle a vendus et donc ne peut faire aucune estimation des droits qui vont lui revenir. 😲
Ce manque de transparence, surtout à une ère où il serait facile de partager des outils permettant aux auteurs de suivre les chiffres de vente sans avoir à solliciter leurs éditeurs, me sidère.
Moi, en tant qu’indé, j’ai un suivi QUOTIDIEN de mes ventes et je reçois un PAIMENT MENSUEL de celles-ci (avec deux mois de décalage par rapport à la date de vente). 🤷♀️ - Le fait de devoir réclamer le paiement de ses droits.
Des données à nuancer…
Alors, bien sûr, il s’agit de MOYENNES, de statistiques.
Certains auteurs ADORENT leurs éditeurs.
Certains éditeurs sont adorables/honnêtes/passionnés/bosseurs et j’en connais PLEIN que j’estime tout particulièrement : Lilian, Natalie, Émilie, Matthieu, Morgane, je pense notamment à vous… 💗
Moi-même, vous le savez, je suis éditée pour mes livres jeunesse et je suis tout à fait satisfaite de mon sort :
- J’ai pu négocier mon contrat pour obtenir ce qui m’arrangeait le plus, tout en cédant sur un point qui était cher au cœur de mon éditrice, parfait ! 🤝
- Je n’ai pas de travail éditorial à effectuer et je suis consultée à chaque étape de celui-ci. 👍
- La reddition des comptes intervient tous les trimestres et je suis rémunérée en temps et heure, sans avoir besoin de réclamer. 😊
… il n’empêche que si vous êtes indépendant ·e dans l’âme, l’édition classique ne vous conviendra pas
Vous l’avez vu via ce 9ème baromètre de la SCAM, tout n’est pas rose dans l’édition classique, loin de là.
Alors, si vous êtes indépendant·e, que vous disposez déjà de ressources/savoir-faire/talents dans les domaines liés à l’édition (mise en page, graphisme, communication) et que les tâches éditoriales ne vous rebutent pas, lancez-vous ! Vous vous éviterez bien des déceptions… 😉
Et si vous avez besoin d’être accompagné·e sur ce chemin, il y a plein de solutions :
- trouver des informations gratuites en ligne (vidéos 🎥, articles de blog : il y en a d’ailleurs plein sur le mien… 😎) ;
- lire des guides pratiques 📖 qui vous guident de A à Z (hum, celui-ci, par exemple ? 😉)
- suivre une formation en ligne 👩🏫 pour apprendre à gérer des aspects que vous ne maîtrisez pas encore (oui, j’en ai une à vous proposer aussi… 😁)
- prendre un RV 📞 pour débloquer un ou des problèmes ponctuels (je suis là également ! 😇)
- prendre un accompagnement individuel sur plusieurs mois pour réussir la publication de votre livre en toute sérénité (🚧 Hum, cette prestation, je la réserve aux entrepreneurs et elle fonctionne uniquement sur liste d’attente, alors, contactez-moi si vous êtes intéressé·e 🚧)
En tout cas, j’espère que cet article vous aura été utile et je vous dis à très bientôt ici pour d’autres infos liées à la publication ! 😊
* Vous pouvez lire le rapport complet ici, notamment pour comparer les chiffres de 2022 à ceux de 2020.
Très bel article, édifiant… et même si c’est finalement assez peu d’auteurs qui se sont prêté au jeu, c’est déjà trop de points négatifs soulevés. Merci pour ces petites infos décortiquées. 🙂
Merci beaucoup de ton intérêt, Aurélia !
Très intéressant ! Cela fait réfléchir quant à la stratégie à apporter à ma phase de promotion lol ! Merci beaucoup !
De rien !
Vraiment le fait de devoir réclamer le paiement de ses droits, c’est le plus lunaire à mes yeux. J’avais été concernée par ce problème quand j’étais publiée en maison d’édition, et ça avait été la goutte d’eau : quand on a de bonnes relations avec son éditeur, le reste peut se gérer, mais ça c’est inacceptable et incompréhensible pour moi.
Et je n’en reviens pas non plus que tant d’auteurs édités n’aient toujours pas accès aux chiffres de leurs ventes, alors que d’autres ME arrivent très bien à proposer ce suivi en temps réel. Ce qui me dérange le plus avec ça, c’est que ça contribue à enraciner l’image de « l’auteur, ce pur esprit inspiré par la Grâce qui ne fait qu’écrire les tourments de son âme et ne saurait se préoccuper de choses bassement matérielles comme les ventes de ses livres »… 😉
Exactement !!! Je trouve ces pratiques d’un autre temps, c’est pour cela qu’il est important d’en parler, pour que les auteurs réalisent que… euh ben non, ce n’est pas normal…
Merci de ton témoignage ! 🙂
Pas vraiment concernée mais vraiment très intéressée, il est vrai que l’on n’imagine pas tout ce qui se cache derrière un livre quand on l’achète
Exactement ! On ne réalise pas que les livres que l’on lit sont issus d’un véritable parcours du combattant et ont généré de vrais sacrifices de la part de leurs auteurs… 😉
Oué oué oué…
Bon ben je vais rester indé encore un ch’tit peu moi hein…
Merci de ton boulot ! 🙂
Oh tu sais, ce n’est pas moi qui ai fait le rapport ! 😉 Mais j’ai pensé qu’il fallait impérativement communiquer dessus…
Super analyse merci Nathalie
On peut créer aussi notre propre maison d édition ne me dis pas que tu n y as pas pensé, je ne te croirai pas joyeux week-end
Alors… oui, mais non, en fait. 😀
Soit tu crées une maison d’édition pour t’éditer, toi, et du coup, les professionnels ne sont pas dupes et te considèrent (à juste titre, il me semble) mal, puisque tu prends la couverture d’une ME pour te publier uniquement toi (ce qui n’est pas la finalité d’une ME). Il suffit d’une simple recherche en ligne pour voir que ladite ME ne publie qu’un seul auteur et, ben, ce n’est pa top pour la crédibilité, en fait…
Soit tu crées une VRAIE ME… et dans ce cas-là, bonjour le boulot pour éditer les autres ! 😮
Moi, les tâches éditoriales, je n’ai pas du tout envie de les faire pour les autres, alors, pour répondre à ta question, non, je n’ai jamais pensé à la solution « Ma propre maison d’édition » pour me publier. 😉