Aujourd’hui, fête de la musique oblige, un article sur une activité des auteurs qu’on ignore souvent mais qui est très importante : la recherche d’informations. Et plus particulièrement ici, la recherche d’informations musicales.
Vous rappeliez-vous que notre héros était ce que j’ai appelé un « Pulseur » ?
Si ce n’est pas le cas, je vous invite à relire son « interview« , où il en parle avec passion.
Pour résumer, Olivier est un être très secret, qui cache une double vie au moment où Sylvine arrive à Enu. Vous ne le savez pas encore, mais les débuts entre ces deux-là ne seront pas très prometteurs : il a une réputation de noceur et son attitude indolente indispose très vite la jeune Gardienne, qui a, elle, par ailleurs beaucoup de choses difficiles à gérer.
Heureusement, ce n’est qu’une couverture, Olivier va s’avérer bien plus sérieux et digne d’intérêt au bout de quelques temps.
Cependant, même dans ce rôle d’oisif, il va arriver à séduire Sylvine, notamment au cours d’une scène (que je n’ai pas encore écrite, inutile de la réclamer à cors et à cris) où elle le verra jouer de son instrument.
Le hic, c’est que j’ai beau avoir quelques connaissances musicales, je me suis sentie très limitée pour écrire cette scène. Je la voulais authentique, mais je doutais de plusieurs aspects techniques tout autant que du ressenti du musicien.
Bref, j’ai eu besoin d’aide.
Cette aide, je l’ai trouvée auprès de Fabrice le Drappier, un professeur de musique passionné par la batterie et les percussions. J’ai pris contact avec lui récemment et très rapidement il a accepté de me recevoir : j’ai donc pu lui poser toutes mes questions existentielles hier.
Je ne sais pas ce qu’il en aura pensé, mais moi j’ai vraiment passé un moment « hors du temps », dans le cadre reposant d’un grand parc ombragé, à parler musique avec un connaisseur et à trouver plein de pistes à développer pour la fameuse scène (et d’autres aussi, du coup…) C’était si intéressant que j’ai voulu vous faire partager cet échange.
— Depuis combien de temps faites-vous de la musique ?
— Cela fait 25 ans maintenant.
— A votre avis, à partir de combien d’années d’apprentissage mon héros peut-il être crédible ?
— Je dirais qu’il faut au moins dix ans de pratique pour être vraiment maître de son instrument. Cela dépend du talent aussi, bien sûr. Mais dix ans d’apprentissage me paraissent être un minimum car le travail et la motivation sont le plus important.
— Comment décririez-vous votre rôle dans un groupe musical ?
— Un batteur, c’est en quelque sorte le garant du tempo. Il doit contrôler le rythme car parfois, il arrive que l’on s’emballe. C’est un peu comme monter sur un cheval : il faut tirer sur les rênes pour freiner ceux qui auraient tendance à trop accélérer, emportés par la musique. On suit le batteur car il donne des coups très secs, très courts, contre lesquels on ne peut pas lutter. Ceci dit, les bons musiciens ne se reposent pas systématiquement sur le batteur, et c’est beaucoup plus facile quand tout le monde a un bon tempo. Par ailleurs, on a une place un peu à part, du fait, déjà, qu’on se trouve toujours derrière les autres.
— Oui, tiens, pourquoi cette place ?
— Parce que la batterie est tellement volumineuse qu’elle cacherait les autres musiciens, mais aussi pour une question de son : le son part vers l’avant et le fait d’être derrière les autres nous permet de leur envoyer un son qui va les guider.
— Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir batteur ?
— J’ai découvert un groupe, celui de Christian Vander, Magma (cliquez sur le lien pour voir une vidéo). Et j’ai été fasciné par leur rythme, par ce qu’ils dégageaient. Ils ont même créé leur propre langue, le kobaïen. Ca, et aussi la relative liberté que l’on a dans la batterie, grâce à l’absence de partitions.
— Il n’y a pas de partitions ?
— Très peu, en fait. On a une énergie primaire, un rythme de base. Puis on apprend des variations, ce qu’on appelle des breaks. On sait qu’à telle mesure, on devra faire un break, alors soit on utilise un break que l’on a déjà entendu, soit on en invente un.
En fait, s’initier à la batterie c’est comme apprendre à parler un langage : on écoute des rythmes différents, on retient un mot, puis un 2ème. Petit à petit, on combine ces mots pour en faire des phrases. Et le mélange de phrases donne une langue unique. On a appris le langage en le parlant.
— Que ressentez-vous lorsque vous écoutez un batteur ?
— Je ressens de la force, une sorte de puissance tellurique, une énergie primaire. Ce n’est pas pour rien que Christian Vander a appelé son groupe « Magma ».
— Pensez-vous qu’il soit crédible que mes personnages puissent entrer en transe à l’écoute d’un Pulseur ?
— Tout à fait. C’est une musique qui peut être obsessionnelle. C’était d’ailleurs le but de certaines cérémonies tribales, conduites avec des percussions.
— Que ressentez-vous quand vous jouez vous-même ?
— Un batteur doit beaucoup être dans l’interaction, il doit savoir s’adapter, et donc être à l’écoute des autres. Enfin, surtout sur des musiques de type jazz. Sur des musiques de type rock, on a plus le rôle de métronome.
— Mon personnage est très souvent sous tension, et j’avais pensé que lorsqu’il jouerait, cela lui permettrait d’exprimer sa colère, sa frustration. Or, j’ai l’impression, d’après ce que vous me dites, qu’il faut être très concentré et tourné vers les autres, ce qui ne correspond pas tout à fait à la vision que j’en avais.
— Cela dépend aussi s’il joue seul ou en orchestre. Il peut en effet libérer beaucoup d’énergie en jouant mais il sera plus libre, seul.
— J’ai maintenant besoin de vos conseils techniques : je cherche à concevoir un instrument qui n’existe qu’à Citara, il faut donc qu’il soit constructible avec les matériaux du pays, qu’il soit facilement transportable, que mon héros en joue debout. J’aimerais aussi qu’il puisse transmettre un son sur de longues distances.
Fabrice me donne alors de précieux conseils sur la façon dont l’instrument doit être conçu, et je commence à concevoir un objet plutôt chouette dans ma tête. Mais, ça, vous le devinez, c’est encore top secret !
Et voilà.
Normalement, si je fais bien mon travail, vous devriez retrouver quelques unes de ces belles réflexions dans l’histoire de Sylvine et Olivier.
J’espère qu’il vous tarde autant de lire ces passages que moi de les écrire. Et si c’est le cas, ce sera sûrement grâce à l’enthousiasme de Fabrice.
Alors, à nouveau, un grand merci à ce dernier
NB : grâce à un gadget montré par monty, une image que je me suis bien amusée à créer…
Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir.
Article importé de mon ancien blog
Merci pour cet article qui me permet de retrouver un copain de fac (Paris VIII) ! Quel beau parcours.
Oh merci d’avoir laissé ce témoignage, Grégory, j’en suis ravie !!