L’heure de l’interview est arrivée…

Par la magie citarienne, Eola et Marc ou Net se retrouvent parachutés dans la Forêt aux Esprits… Ils s’avancent jusqu’à une grande clairière et s’arrêtent là où deux souches moussues les attendent.L'interview de Schnippy

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au bout de quelques secondes, un frémissent agite les branches de l’arbre derrière lesquels ils ont pris place.

Se retournant, ils ne voient qu’un éclair roux entre les branchages. Puis, au détour d’une ramification, deux petits yeux noirs les fixent avec attention, d’un regard plein d’intelligence.

Encore quelques cabrioles et l’écureuil dégringole plus bas avant de s’immobiliser sur une branche un peu plus haut que leur visage.

Ils doivent lever la tête pour lui parler, mais cela a l’air de bien convenir à l’animal vu son air un peu moqueur.

C’est Eola qui se lance la première :

—  Alors Schnippy que penses-tu de notre Sylvine ?

 

Au départ il ne se passe pas grand chose. Notre ami émet quelques petits cris et chacun réalise que la communication ne va pas aller de soi…

C’est alors qu’une silhouette encapuchonnée et vêtue d’un ample manteau de cuir se glisse de derrière l’arbre. Personne ne peut voir son visage et même Schnippy a l’air surpris de son apparition. Elle fait un mouvement mystérieux de ses mains et les oreilles des interviewers se mettent subitement à bourdonner. Puis, quelques secondes plus tard, elle a disparu.

Interloqués, Eola et Marc ou Net se regardent quand soudain, ils entendent leur invité dire, du haut de sa branche :

—  Aimer Sylvine, Schnippy. Aimer beaucoup.

 

Comprenant qu’un sort vient de leur être jeté pour leur permettre de comprendre le petit animal, Marc ou Net en profite pour demander :

—  Est-elle très câline ?

— Faire câlins à Schnippy beaucoup, Sylvine. Etre douce, Sylvine.

 

Les deux interviewers réalisent que la langue du petit rongeur ne sera pas toujours évidente à décrypter…

Tant pis, Marc ou Net poursuit :

—  Il t’est arrivé d’avoir peur de l’esprit aventureux de Sylvine ?

—  Avoir peur faire des bêtises, Sylvine ? Souvent, Schnippy !

—  T’est-il déjà arrivé de ne pas la suivre dans ses aventures ?

—  Douk ! Etre pas content, Schnippy. Regretter faire, Schnippy.

—  N’en as-tu pas marre que l’on ne t’interroge que sur Sylvine et pas toi en particulier ?

 

L’écureuil répond d’un air vertueux :

—  Etre héroïne, Sylvine. Etre importante, Sylvine.

Avant d’ajouter, comme malgré lui, d’un ton plus bas :

—  Mais pas avoir queue jolie quand même.

 

Et, se saisissant de la sienne, il se met à l’astiquer avec soin.

—  As-tu une petite Schnippette ?

—  Aimer bien Dougsie, Schnippy. Mais être différent des humains, vie des écureuils. Pas vivre ensemble toujours, eux. Vivre toujours avec Sylvine, Schnippy.

 

A ce moment, Marc ou Net ne peut s’empêcher de vouloir faire de l’humour :

—  Et des adorables Schnippynoux ? Au marché noir ça doit valoir très cher…

 

Schnippy a cessé de s’occuper de sa queue et le fixe de ses yeux noirs. Le journaliste en herbe se sent un peu piteux devant ce regard soudain peu amène… Finalement, l’écureuil conclut :

—  Aimer trop argent, humains. Pas avoir problème même à Citara, eux.

 

Soucieuse de rétablir un climat moins tendu, Eola intervient :

—  Où vis-tu ?

—  Vivre dans Forêt, Schnippy. Et vivre avec Sylvine, Schnippy.

—  Aides-tu Sylvine à combattre les Maudits?

—  Douk ! Savoir très bien mettre bazar dans camp ennemi, Schnippy !

—  Comment communiques-tu avec Sylvine?

—  Parler dans têtes, Sylvine et Schnippy. Parler dans cœur aussi.

—  Ça te fait quoi de savoir qu’elle va partir en réminiscence ?

— Pas comprendre réminaissance, Schnippy. Avoir mots difficiles, humains.

—  Vas-tu l’accompagner?

—  Accompagner où ? Douk, aller avec Sylvine toujours, Schnippy.

—  Quel est ton but suprême dans la vie?

—  Manger noisettes, Schnippy.

 

Il semble se raviser… et ajoute :

—  Et partager noisettes avec Sylvine.

—  As-tu des passe-temps?

—  Pas savoir trop quoi être ça, Schnippy. Etre important manger, dormir et brosser queue. Etre très important brosser queue.

—  Hibernes-tu en hiver?

—  Pas connaître hiver.

—  Comment te déplaces-tu? (lorsque Sylvine  utilise d’autres moyens de locomotion que ses propres jambes)

—  Aller dans nid-Sylvine, Schnippy.

—  Que manges-tu?

—  Aimer noisettes, Schnippy. Aimer aussi vers mais pas aimer vers, Sylvine, alors pas manger vers souvent, Schnippy.

—  De quelle couleur es-tu?

 

Petit flottement à ce moment-là. Tout le monde peut s’apercevoir que Schnippy est un écureuil roux, avec un beau poitrail blanc. Lui-même se regarde un peu interloqué.

Eola, qui avait préparé sa question avant de le voir, barre celle-ci de sa liste et continue :

—  Quel âge as-tu?

—  Avoir deux cycles, se rengorge l’animal. Etre adulte maintenant.

—  As-tu des « pouvoirs »?

—  Pouvoir comprendre humains, Schnippy.

 

Puis il penche la tête de côté, comme pour nuancer ses propos :

—  Pouvoir comprendre mots humains, pas pouvoir comprendre toujours actions humains.

—  Pourquoi as-tu « choisi » Sylvine?

 

Il la regarde, un peu surpris…

— Etre amie Schnippy, Sylvine. Sauver Schnippy. Etre ensemble toujours, Schnippy et Sylvine.

 

A ce moment-là, 4 grenouilles apparaissent dans le sous-bois. Elles ont eu droit chacune de poser une question à Schnippy. Voyant cela, Marc ou Net se métamorphose en crapaud pour essayer de poser une autre question… Et triche honteusement en en posant trois !

Marc ou Net :

—  Comment obtient-on le rôle de Schnnipy ? Est-ce bien payé ? Vous faites les cascades vous-mêmes ?

 

Le petit écureuil n’est pas sûr d’avoir compris (ni même d’apprécier cet humain qui voudrait lui ravir ses futurs petits), mais il répond tout de même à la dernière question.

—  Etre fort en cabrioles, Schnippy. Etre fort en saut à l’arbre. Aller vite très aussi.

 

GabrielleTrompeLaMort s’avance alors :

—  Quel est ton talent secret ?

 

L’animal semble hésiter… Mais il sent bien que ce qu’il dira ne sera pas révélé aux ennemis de Sylvine. Alors il confie :

—  Entendre humains, peut Schnippy. Raconter tout Sylvine. Connaître chemins plus rapides aussi, Schnippy.

 

C’est au tour d’Elle de demander :

— Pour toi quel est le plus gros défaut de Sylvine, celui qui peut lui porter préjudice? Et pas un faux défaut, hein, genre « le revers de sa générosité… »

Schnippy s’agite sur sa branche. Ce n’est pas facile, lorsque l’on est entièrement dévoué à un être d’évoquer ses points faibles. Il fait un petit bond en avant, comme s’il allait partir, puis se ravise et avoue :

—  Pas vouloir aide, Sylvine. Décider seule. Aller vite trop aussi.

Et il soupire un peu.

 

Ayalys s’avance alors. On sent que Schnippy voudrait bien mettre fin à l’interview, il sautille de long en large sur la branche, manifestement plus agité qu’au début de la rencontre.

—  qu’est-ce que tu penses d’Olivier?

 

A ces mots, il se redresse sur deux pattes. On dirait que le petit être a envie de rire. Il glousse un peu, comme si un souvenir amusant lui revenait en mémoire.

—  Se bagarrer souvent, eux. Mais être bien pour Sylvine, lui. Même si pas avoir queue jolie non plus…

 

Enfin, Calirose s’approche, en essayant de garder son sérieux, tandis que les autres grenouilles pouffent de rire.

—  quelle est la première chose à laquelle tu penses en t’éveillant et la dernière à laquelle tu penses avant de t’endormir?

—  Etre facile, ça ! répond Schnippy, tout guilleret. Manger noisettes et… manger noisettes !

 

Et  comme si ça lui avait donné des idées, sans plus de cérémonies, en deux bonds il s’est soustrait à leur vue dans les ramures…

 

Réalisant que leur interview est terminée, les amis repartent tous ensemble, Eola portant les grenouilles dans ses mains. Ils ne réalisent pas que la silhouette mystérieuse est à nouveau apparue derrière l’arbre. Tout ce qu’ils savent c’est que soudainement, ils sont de retour chacun chez eux, avec en leur cœur un peu de nostalgie d’avoir quitté Citara…



Article importé de mon ancien blog