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Je renoue avec une catégorie d’articles que j’avais un peu négligée sur le blog ces derniers temps, celle de la chronique des livres que j’ai aimés.

Des bouquins, j’en ai lu pas mal ces derniers temps (doigts cassés et grippe obligent 😉 ) mais je ne les commenterai pas tous. J’ai choisi de ne chroniquer que les immenses coups de cœur. Ne m’en veuillez pas, copains auteurs, si vous n’apparaissez pas sur le blog ou dans la newsletter : vous êtes trop nombreux, tout simplement. 🙂

Et donc, aujourd’hui, je voulais vous présenter un livre qui m’a complètement retournée. Au point que je n’ai pas pu dormir avant de l’avoir fini et que je peux vous dire que cela faisait des années que je n’avais pas fait une nuit blanche sur un livre…

 

Il nous reste le ciel tome 1

L’autrice

Chloé Bertrand est une toute jeune femme, que je connais sous son pseudo de Jo-la-Corneille sur CoCyclics depuis… pfff pas mal d’années déjà. J’ai régulièrement suivi les challenges qu’elle lançait et pourtant ils ont toujours fait partie des plus prolifiques. Comme son imagination.

Cette fille a une idée à la minute, au moins. À côté d’elle, j’ai l’impression d’avoir l’esprit d’une limace en fin de vie, c’est vous dire… Enfin, quand je dis “à côté”, c’est façon de parler : je n’ai encore jamais rencontré la miss IRL (dans la vraie vie).

Bref, notre Chloé étant bourrée de talent, elle a déjà à son actif deux publications chez Bragelonne. La première chez Milady, pour “Positive Way” et la 2ème chez Snark pour le roman que je viens vous présenter aujourd’hui. Mais auparavant, revenons à la genèse de sa lecture.

 

Les challenges CoCyclics

Depuis la rentrée de septembre, je suis modératrice des “challenges” sur le forum. Cela me demande un temps certain, mais je me régale à découvrir et encourager les plumes qui s’y trouvent. Un challenge, c’est un fil ouvert par un auteur pour y commenter la progression du “premier jet” de son manuscrit : les autres auteurs et lecteurs viennent sur le fil, commentent les extraits, posent des questions sur l’univers et encouragent l’auteur à avancer.

Ce qui est original dans ma “rencontre” avec “Il nous reste le ciel”, c’est que j’ai commencé par lire le fil… du tome 2. Pour une raison qui m’échappe, j’ai en effet raté le challenge de Chloé sur le tome 1 et suis arrivée directement au milieu du challenge sur le tome 2. Très vite, j’ai été happée par les personnages, par leurs aventures… Et lorsque Chloé a apposé le mot “fin” sur son challenge, juste avant la fin de l’année 2016, alors même que j’avais eu droit à d’énormes spoilers sur le tome 2, il m’a absolument fallu lire le tome 1.

On ne peut donc pas dire que je ne savais pas à quoi m’attendre : je connaissais déjà les personnages et les grosses lignes de l’intrigue. Et je dois dire qu’étant une lectrice plutôt fleur bleue, je savais qu’il y avait beaucoup d’éléments dans cette histoire qui n’étaient pas faits pour me plaire : le contexte post-apocalyptique, les tragédies qui touchent les personnages, l’absence de pouvoirs surnaturels pour pouvoir se sortir des situations épineuses…

Et pourtant, ce livre a été un réel coup de cœur…♥

 

Ce que j’ai tant aimé dans ce livre

Les personnages

Impossible de ne pas s’attacher aux personnages : l’alternance des voix dans la narration permet de saisir exactement tous les points de vue, de les comprendre, de ressentir leurs émotions. Je les ai vraiment tous aimés : Matthew et ses responsabilités écrasantes de grand frère, Kiran et sa culpabilité d’être en vie tout autant que son intelligence, Charly pour son courage et son humour caustique et Tobias… Ah, je crois que c’est pour lui que mon cœur de mère a le plus saigné et j’ai tellement envié sa symbiose avec les loups… ♥

Il n’y a pas que les personnages qui soient attachants, il y a la façon dont Chloé noue les liens entre ces quatre survivants, petit à petit, par touches délicates, au fil des dialogues et des événements. Au final, on obtient un groupe fort et soudé, ce qui n’était pas gagné au départ, avec de telles individualités…

 

L’intrigue

Je ne peux pas dire que j’ai aimé tout ce qui est arrivé à Matthew, Kiran, Charly et Tobias. Au contraire, il y a des scènes difficiles à lire ou à imaginer.

En même temps, dans ce monde post-apocalyptique, il serait étonnant que la chance se mette tout à coup de la partie. La force de l’autrice c’est d’avoir réussi le pari de nous faire vivre des moments pourtant insoutenables… tout en douceur et suggestion… avant de nous conduire mine de rien vers la nouvelle épreuve qui va toucher les protagonistes.

Il y a une telle sensibilité dans la narration de ces souffrances, que celles-ci passent avec beaucoup plus de légèreté qu’on ne l’aurait cru.

 

Le style

Ah. Voilà. Je crois qu’on y est. Je suis tombée amoureuse de cette plume.

Tout le reste, les persos, l’intrigue, oui, tout est très bien. Mais la plume est sublime. Elle transcende l’histoire, elle nous cueille sans qu’on y prête attention et ne nous lâche plus.

Chloé a un don pour se glisser dans la peau des personnages et parler avec leur voix. Et on passe d’un protagoniste à un autre, d’une histoire à la suivante sans heurt, avec simplicité. C’est beau, c’est extrêmement fluide, c’est surtout très fort.

 

Voici quelques extraits :

 Matthew :

— Vous voulez bien surveiller nos affaires une minute ? On revient tout de suite.

Le type à lunettes hoche la tête mais ce sera pas de bon cœur. Trop aimable. Je pourrais laisser Toby mais je laisserai plus jamais Toby, je peux pas laisser Toby, je laisse pas Toby. (…)

— Excusez-moi…

Ils lèvent tous les yeux vers moi. Ensuite ils les descendent sur Tobias, et là c’est magique, tout le monde se met à me faire de grands sourires. Enfin, pas à moi, à lui. C’est dur de ne pas faire ça en présence de Tobias, même quand on vient de te parachuter à l’étranger pour cause de catastrophe climatique.

P. 25

Charly :

Je sais pas quoi te dire. J’ai jamais pensé à ce que je dirai le jour de ton enterrement. C’est même pas un vrai enterrement, c’est juste moi qui cause à un tas de terre parce que j’étais pas foutu de creuser une vraie tombe. Je sais que je devrais te remercier mais je peux pas m’empêcher d’être en colère contre toi — alors que franchement, c’est pas ta faute si t’es mort. Mais merde, l’ancien, tu pouvais pas le garder, ton foutu fusil ? Pourquoi il a fallu que tu me le donnes ?

J’suis désolé… J’crois pas que je suis supposé t’engueuler à tes funérailles. Je sais même pas si c’est des funérailles.

P. 53

Petites questions à Chloé

Chloé a gentiment accepté de répondre à quelques questions lorsque j’ai préparé cet article.

 

Peux-tu nous dire quel est ton plus beau souvenir pendant l’écriture du tome 1 ?

J’ai écrit le tome 1 pendant mon année au Canada, du coup l’écriture se mélange avec mes souvenirs de mon séjour là-bas. Je crois que mon meilleur souvenir c’est quand j’ai enfin réussi à démarrer l’écriture, parce que j’ai essayé de commencer quarante fois pendant des semaines, peut-être même des mois avant de finalement trouver la bonne manière de raconter cette histoire -cad, laisser les personnages s’exprimer. Donc oui, quand ça a enfin décollé et que je n’ai plus eu l’impression de pédaler dans la semoule, petit moment de triomphe personnel.

 

Tu as une anecdote à nous raconter concernant l’écriture du tome 1 ?
J’ai du mal à me remémorer une anecdote particulière -on me pose souvent cette question et je ne sais jamais comment y répondre, faut que je prenne l’habitude de le noter quand il arrive un truc intéressant. De façon générale, la scène d’amputation m’a fait énormément souffrir : je l’ai réécrite des milliers de fois. À l’époque je faisais un certificat en création littéraire, et je me servais des ateliers d’écriture pour tester les scènes difficiles sur mes petits camarades. Je m’entendais mal avec notre enseignante et chaque fois qu’elle me contredisait avec des arguments que je trouvais ridicules (spoiler alert : à chaque fois), j’imaginais mes quatre survivants entrant dans la salle de classe en enfonçant la porte, les armes à la main, “et là, tu nous trouves encore clichés et pas assez réels ?”.

 

Quel est ton personnage préféré parmi les 4 garçons ? Tu n’as droit qu’à un seul nom !!!
 **regarde plusieurs fois autour d’elle pour être sûre que personne ne l’entend, prend une grande inspiration, se penche en avant et souffle d’une voix presque inaudible** Charly

 

Voilà, j’espère vraiment vous avoir donné envie d’acheter et de lire ce livre même si je pense que vous n’en sortirez pas indemne… Personne ne le peut. Et ça, si c’est pas de la Puissante Expérience Émotionnelle*, je sais pas ce que c’est… ♥

 

* les PEE sont ce que Randy Ingermanson, le “snowflake guy” dit que l’on doit rechercher dans chaque livre que l’on écrit ou que l’on lit. Cette philosophie guide ma propre pratique… 😉