Retour sur mon manque de production de ces derniers mois : explications et surtout pistes de remédiation. Au cas où vous aussi vous ayez perdu l’envie d’écrire. 😉

Nathalie Bagadey en train de réfléchir

Les « bonnes excuses »

Depuis plusieurs mois, je traverse un « passage à vide » côté écriture. J’en avais vaguement conscience, mais j’avais toujours de bonnes raisons pour expliquer le fait que je n’écrivais plus :

  • « je n’ai pas le temps d’écrire, j’ai d’autres priorités en ce moment » (comme le fait que je viens de créer mon entreprise et que ma priorité, c’est de la faire décoller) ;
  • « dès que je m’assois devant mon logiciel d’écriture, je trouve des idées, alors si je n’écris pas plus souvent, c’est juste par manque de temps et pas à cause du syndrome de la page blanche. Je peux écrire quand je veux, hein » (très proche du « j’arrête quand je veux » des addicts qui n’ont pas conscience de l’être) ;
  • « j’ai trop de projets en cours et tous sont importants, ça me paralyse de devoir en choisir un » (du coup j’en fais aucun, hein, c’est logique) ;
  • « je n’ai pas envie aujourd’hui, mais ça reviendra probablement demain : en attendant, je ne dois pas « forcer ma créativité » » (cet argument est tout à fait valable… quelques jours. Pas plusieurs mois d’affilée.) ;
  • « cette période de pandémie est tellement anxiogène que c’est normal de ne pas avoir envie d’écrire, c’est le cas de beaucoup d’auteurs, d’ailleurs » (j’en connais aussi certains qui ont profité de cette pause dans leur vie pour avancer dans l’écriture, eux…) ;
  • « j’ai tellement d’activités épanouissantes dans ma vie que l’écriture ne me manque pas » (Tant mieux, c’est cool… Mais pourquoi ce pincement au cœur quand mes lecteurs me demandent des nouvelles des manuscrits en cours ?)
  • « il suffit que je m’y mette pour rattraper tout mon retard » (Euh, nope. Un retard pris en écriture ne se rattrape pas. Écrire est un processus qui demande du temps et on ne peut pas « mettre les bouchées doubles » après).

Si vous arrivez sur cet article, vous vous reconnaissez peut-être dans quelques-unes de ces excuses…
Et pourtant, vous aimeriez bien retrouver/découvrir le « feu secret », celui qui va vous permettre de TERMINER votre histoire, non ?
Retrouver l’envie d’écrire ?

Maintenant que, de mon côté, j’ai ENFIN retrouvé celle-ci et j’avance à nouveau dans mon manuscrit en cours, j’ai décidé de compiler toutes les actions que j’ai mises en place en amont pour y parvenir. C’est l’ensemble de ces mesures qui m’a permis d’y arriver, mais peut-être qu’une seule d’entre elles vous suffira ? Je vous le souhaite en tout cas !

 

5 étapes pour retrouver l’envie d’écrire

1. Regarder la situation en face

Points d'interrogation illuminés sur un tas de points d'interrogation éteints

Image par Arek Socha sur Pixabay

 

C’est en m’asseyant pour écrire cet article que j’ai pris conscience de l’ampleur du phénomène.

Il y a quelques années de cela, alors que j’avais des enfants en bas âge, un travail hyper prenant et que je m’investissais dans plusieurs activités en parallèle, j’étais plus productive qu’aujourd’hui. Le temps d’écriture était précieux alors je ne le gâchais pas. Je n’écrivais que 2 à 3 matinées par semaine, mais pas question de rater ces RV…
Et c’est cela qui m’a permis de produire 1 à 2 livres par an entre 2014 et 2019.

Maintenant que je suis autrice et conférencière à temps plein, si je fais un retour sur ces derniers mois, le constat est accablant : en un an, je n’ai pas achevé un seul projet sur les 4 que j’ai en cours. Pas un seul alors que je n’ai jamais eu autant de temps pour écrire.

Alors, oui, j’ai mis en place beaucoup de choses : créer une entreprise, ce n’est pas rien. Et j’ai énormément profité de ce temps libre pour me retrouver et savourer cette longue pause après des années d’hyperactivité. Je suis plus heureuse et plus sereine. Sauf sur le plan de l’écriture, où je culpabilise.
C’est vrai aussi qu’en général les Salons et Conventions me redonnent toujours de la motivation pour écrire et que je n’ai pas pu bénéficier de cette source d’énergie ces derniers mois.

Mais le problème est bien antérieur au début du confinement. En fait, l’écriture est une tâche très lente. On parle beaucoup de la différence entre auteurs « architectes » ou « jardiniers ». J’ajoute une autre distinction, qui peut se résumer à la différence entre un marathon et un sprint. Or, moi, je suis une sprinteuse. En fait, je déteste l’aspect « marathon » de l’écriture, quand mes autres tâches, celles liées au monde de la conférence, me garantissent des satisfactions à très court terme (2 heures de travail, un post sur les réseaux sociaux et hop, j’obtiens un résultat efficace et motivant, quand il me faut des JOURS, voire des MOIS pour ressentir cet effet sur un texte).

De plus, lorsque j’étais enseignante, mon métier m’apportait beaucoup de stress et l’écriture était alors mon évasion, ma « parenthèse enchantée », mon refuge contre une réalité contraignante. En faisant de l’écriture mon travail — et j’ai une énorme pensée, en écrivant ces lignes, pour Aurélie Wellenstein, avec qui j’avais discuté de ce sujet et qui avait bien anticipé ce constat, elle — j’ai inversé la tendance. Ce n’était plus « chic, ce matin, c’est écriture », mais « Bon, allez, il faut que j’écrive, c’est mon travail après tout. »

C’est important de bien regarder la situation, sans se voiler la face. Je trouve l’activité d’écriture laborieuse et j’éprouve moins de satisfaction à écrire qu’à promouvoir mon entreprise, voilà, c’est dit.

Une fois ceci posé, curieusement, je me suis sentie libérée d’un grand poids. Car malgré ces difficultés, j’ai choisi cette carrière et je ne le regrette pas une seconde. Cela reste tout de même une tâche infiniment plus plaisante que de corriger des copies ou voir mes supérieurs détruire tout ce que j’essayais de construire dans un cours.

Aussi, plutôt que de regretter le temps perdu à ne pas écrire, je peux me projeter sur la suite : avoir pris conscience des enjeux et de mes difficultés me permet d’y faire face au quotidien.

 

2. Instaurer un environnement de travail favorable

Machine à écrire avec un papier où il est écrit "Write something"

Image par Markus Winkler sur Pixabay

 

La première chose que j’ai faite pour remédier à mon manque de productivité, ça a été de dégager du temps pour l’écriture. Même si dans les faits, je ne me suis pas systématiquement assise à ma table d’écrivain, en tout cas, les matins, je ne donnais aucun RV, je ne répondais pas au téléphone (qui était en silencieux) et j’avais même dit à mes abonnés de me sermonner s’ils me prenaient en train de surfer sur les réseaux sociaux avant 11h (ce qui m’a valu un gage mémorable lors de l’un de mes lives, n’est-ce pas, Acharat ?)

Et, petit à petit, c’est rentré dans la tête de TOUS mes interlocuteurs qu’il était inutile de chercher à me contacter les matins parce que j’écrivais. Pendant cette période de temps, le plus souvent, j’avais toujours mille choses à faire, la plupart qui « tournaient » autour de l’écriture. J’écrivais des posts que je partageais l’après-midi, je relisais mes notes sur mes anciens manuscrits, j’écrivais le synopsis de Petit-Pierre 2. Le problème, c’est que souvent tout cela n’arrivait qu’après ma routine de développement personnel : yoga, méditation, danse, douche… Avec le confinement, je me levais plus tard, je démarrais ma routine plus tard… et résultat, à 11h30 j’étais enfin prête à écrire, avec une fenêtre de temps trop brève devant moi.

Aujourd’hui, je m’organise différemment. Je me lève moins tôt qu’avant le confinement, mais plus tôt que pendant celui-ci. J’avais pris l’habitude de faire mon activité physique après ma session d’écriture, mais avec les chaleurs qui sont arrivées, je viens à nouveau de rebasculer mon organisation pour terminer par l’écriture. Après un bonne session de « Body Groove », j’ai toujours la pêche, de toute façon.

Bref, j’ai tout mis en place pour que, tous les matins, je dispose de 2 heures pour l’écriture. J’aimerais amener ce chiffre à 3 d’ici la fin de l’année, sans sacrifier ma qualité de vie actuelle, toutefois. On verra si j’y arrive…

Outre l’organisation du temps, j’ai aussi, il y a plusieurs mois de cela, aménagé mon bureau de façon à ce que ce soit plus agréable d’écrire. J’ai branché un ancien clavier, grâce au port USB de mon ordinateur, sur lequel je tape, tandis que l’écran de mon laptop est au niveau de mes yeux. La hauteur du siège de mon fauteuil de bureau est réglée de façon à ce que mes bras reposent naturellement sur le bureau. Et je peux ajuster la luminosité de la pièce grâce à un volet roulant (j’ai un vasistas au-dessus de ma tête, mon bureau étant sous les toits). Enfin, j’ai décoré la pièce avec des objets qui me rappellent les bonheurs liés à l’écriture : des posters de mes différents Salons, des mots de mes lecteurs, de la décoration tout droit sortie de Harry Potter ou le Seigneur des Anneaux…

Vous n’êtes pas obligés de suivre toutes ces étapes à la lettre, mais s’il y a une chose à retenir de tout cela c’est de
1) bloquer du temps pour l’écriture dans son emploi du temps et ne pas faire autre chose de ce temps
2) s’aménager un espace aussi agréable que possible pour y écrire

Ah, et une chose importante, également. Maintenant que l’écriture est mon métier… je ne prévois plus de séance sur mes manuscrits les week-ends. Histoire de bien recharger les batteries et de bénéficier de matinées sans enjeux. 😉

 

3. Faire des « baby steps« 

Image représentant un enfant en train de monter des marches

Image par Laura Retyi sur Pixabay

 

Si on compare souvent un livre à un enfant, c’est parce que le délai de gestation est grosso modo le même. La conception d’un livre nécessite au minimum plusieurs mois… Certains auteurs sont même plus proches d’autres mammifères, comme les dauphins (365 jours) voire… les éléphants (600 jours !)

Lorsqu’une tâche est aussi monumentale, la tendance naturelle est de l’éviter comme la peste. En particulier, si vous êtes, vous aussi, un sprinteur. Si l’ampleur de la tâche vous écrase, une bonne idée est de la morceler en toutes petites tâches.

Je suis une grande fan de la newsletter de James Clear, à laquelle je suis abonnée depuis des années. Dès que son livre « Atomic Habits » est sorti (traduit en français par « Un RIEN peut TOUT changer »), je me le suis procuré et j’y ai retrouvé cette notion des « baby steps » que j’avais déjà vu évoquée dans d’autres livres de développement personnel, mais amplifiée et magnifiée. Son postulat est le suivant : lorsqu’on a un objectif, le plus difficile est d’instaurer les habitudes qui vont nous permettre de l’atteindre. Lui nous conseille de nous fixer des objectifs tellement simples qu’ils ne peuvent pas être ratés. Par exemple, si votre objectif est d’avoir des abdos en béton et que vous savez que pour cela, il faudrait que vous fassiez x pompes par jour, inutile de commencer par le maximum, vous ne tiendrez pas une semaine. Mais si, tous les jours, vous vous fixez l’objectif — complètement réalisable, on est d’accord — d’en faire UNE et que vous maintenez cette discipline pendant 3 semaines au minimum et deux mois de préférence (la moyenne pour prendre une habitude a été estimée à 66 jours), bingo, vous aurez réussi plusieurs choses :

  • Cette habitude aura été facilement prise et sera durable ;
  • Même à raison d’une seule pompe par jour, au bout de 66 vous vous serez rapproché·e de votre objectif ;
  • Rien ne vous empêche, une fois que vous avez fait votre objectif quotidien, d’en faire un peu plus… Une fois qu’on est lancé·e, c’est beaucoup plus facile d’enchaîner et de dépasser son objectif.

Côté écriture, je sais que ça marche. Il y a plusieurs mois, mon copain auteur Sébastien Tissandier peinait à avancer dans l’écriture de son nouveau manuscrit et je lui ai fixé ce challenge. « 100 mots par jour, Seb, tu PEUX le faire. » Il a brillamment relevé le défi : parfois n’écrivant que ces 100 mots dans sa session d’écriture quotidienne, le plus souvent multipliant ce nombre par 10. Résultat : le tome 2 de son « Rédempteur » est sorti à temps pour le Festival Yggdrasil… et il a passé son week-end à le dédicacer, savourant cette récompense pour son labeur des mois précédents.

Ce qui m’amène au point suivant.

 

4. Se projeter dans l’après

Image montrant un clavier d'ordinateur remplacé par une valise pleine d'eau de mer + plage

Image par DarkWorkX sur Pixabay

 

Même s’il ne faut pas vivre uniquement la tête dans les nuages, c’est tout de même hyper motivant de visualiser ce qui nous attend une fois ce fichu bouquin terminé.

De mon côté, je sais qu’achever les manuscrits en cours me permettrait de :

  • faire plaisir aux enfants (et aux grands) qui attendent impatiemment la suite des aventures de Petit-Pierre depuis 2 ans. Je m’imagine déjà une looooongue file d’attente devant ma table de dédicaces et les fous rires échangés avec l’illustratrice, Camille.
  • satisfaire mes lecteurs lors des prochains Salons de septembre avec au moins une nouveauté à leur proposer sur mon stand. La plupart ont, en effet, déjà tous mes livres… Je visualise la tête des lecteurs en découvrant la fin du tome 3 de Citara. Eux qui avaient été surpris à la fin du tome 1 et du tome 2 vont juste ha-llu-ci-ner… 😀
  • dégager plus de revenus : cela fait plus d’un an maintenant que j’ai dépublié « Autoédition : à vous de jouer ! » et cela fait un manque à gagner certain… Je me vois en train d’animer un webinaire sur le sujet pour promouvoir le lancement de la V2.

 

Toutes ces visualisations me placent dans un contexte euphorique et dynamisant. Et je SAIS que ces merveilleux moments auront lieu dès que j’aurai fini les livres en cours. Alors, parfois, lorsque le présent est difficile, une petite projection dans l’après me rebooste et me pousse à avancer.

Et vous, qu’envisagez-vous pour votre « après » ? Soyez les plus concrets possible : fêter le point final en allant chez un grand restaurateur ? Organiser une séance de dédicaces dans votre fief ? Voir l’un des auteurs que vous adorez vous acheter votre livre en Salon ? Utilisez tous vos sens pour que l’expérience soit la plus réaliste possible.
Puis reprenez votre manuscrit en cours afin de pouvoir vous rapprocher de ce rêve…

 

5. Rendre sa session d’écriture plaisante/ludique

Bulles de savon dans le ciel

Image par Alexas_Fotos sur Pixabay

 

Voici mon conseil préféré, celui qui a le mieux fonctionné pour moi.

Lorsque l’envie d’écrire nous a quittés, il est bon de se rappeler ce pour quoi on aimait l’activité à la base. Chez moi, il y a ce goût certain pour les mots, pour la magie qu’ils créent en s’associant les uns aux autres.
Si vous vous sentez englué·e dans votre histoire, je vous conseille d’oublier celle-ci un moment. Placez-vous du point de vue d’un personnage, ouvrez une page blanche et « donnez la parole » à ce personnage. Faites-le parler, avec son phrasé particulier, ses mots préférés. Cela vous constituera un catalogue de « phrases-cultes » que vous pourrez réutiliser plus tard. Vous aurez pris du plaisir à ciseler ces expressions et vous n’aurez pas perdu votre temps car cet exercice vous aura aidé à mieux connaître votre perso et à lui donner une vraie « saveur » en particularisant sa façon de s’exprimer. C’est ainsi qu’est né le phrasé particulier de mon petit écureuil dans Citara : Verbe à l’infinitif, Compléments et Sujet.

tote bag Schnippy

Tote Bag « Schnippy » réalisé par Nouna Factory et vendu exclusivement en Salon

 

Sur le tout premier blog que j’ai créé autour de Citara, je postais également régulièrement des « interviews de personnages »  non seulement les lecteurs adoraient les lire, mais c’étaient toujours de très plaisants moments d’écriture.

Enfin, le dernier conseil que je peux vous donner sur ce sujet, celui qui m’a vraiment permis d’être productive, c’est de rendre le processus ludique/interactif.
Le 19/06, j’ai eu l’idée de leur demander à mes followers sur Facebook leur pronostic concernant ma session d’écriture, juste avant d’entamer celle-ci.

Post Facebook du 23 juin détaillant mes objectifs

Post Facebook du 23 juin détaillant les avancées précédentes et du jour

 

Puis j’ai écrit pendant deux heures, en me demandant combien de mots j’arriverais à produire. J’ai tenu les deux heures annoncées parce que je m’étais engagée à le faire, en public. Et à l’issue de cette session, ce fut très fun de retourner sur le réseau et de découvrir les propositions de chacun. J’ai recommencé plusieurs fois depuis et je peux vous assurer que ce petit jeu m’a donné beaucoup d’énergie et l’impulsion nécessaire pour me mettre à ma table d’autrice. Depuis que j’ai commencé, j’ai produit 7 144 mots supplémentaires en 6 sessions et il ne me reste plus que deux ou trois chapitres avant de terminer le premier jet de « Petit-Pierre 2 ». Je n’ai jamais été aussi près de terminer cette histoire. Quel bonheur c’est de retrouver la satisfaction et le sentiment d’accomplissement liés à une bonne séance d’écriture !

 

Si vous aussi vous avez le sentiment d’avoir perdu « l’envie d’écrire », j’espère que cet article saura vous rassurer – vous n’êtes pas seuls -, vous aider à mettre en place vos propres stratégies de remédiation et surtout vous rebooster. Alors, comme l’écrivait Éric Galland dans sa Lettre du Dimanche, « Au boulot ! » (en commençant peut-être par un petit commentaire ? 😉)