Depuis plusieurs années, j’apporte inconsciemment mon soutien à un mouvement qui nous invite à réenchanter le monde. Et si vous le rejoigniez vous aussi ?

Lorsque j’ai préparé ma conférence sur « Ce petit grain de fantasy qui peut tout changer » (conférence que vous pouvez réserver ici), j’ai donné à l’assistance quelques exemples sur ma façon de mettre de la fantasy dans ma vie de tous les jours.

Réenchanter le monde - image de couverture avec dream catcher

 

De la fantasy dans mes cours

Il ne m’a pas fallu longtemps pour réaliser que les cours qui passionnaient le plus mes élèves étaient ceux qui faisaient appel à leur imagination. J’ai trois exemples qui me viennent en tête.

Comment passer d’un thème potentiellement difficile à une activité plébiscitée par les élèves

Une année, l’établissement où j’enseignais s’est retrouvé « pilote » pour de nouvelles expérimentations. Je ne vais pas m’appesantir sur celles-ci. Il suffit que je vous dise que tous les enseignants d’anglais devaient travailler sur la même thématique pendant quelques mois, à la suite de quoi une évaluation commune devait s’ensuivre. Moi qui adorais mon indépendance, ce fut un moment très difficile à vivre, d’autant que le premier thème retenu l’avait été contre mon gré, puisqu’il s’agissait de « la nourriture ». La nourriture ? Pour un public d’environ 15 ans, souvent mal dans son corps et entretenant un rapport conflictuel avec la chose ? Je ne le « sentais pas »… Pas du tout.
Alors, j’ai tenté quelque chose. Pour la première fois, j’ai osé introduire la littérature de l’imaginaire dans mes cours.
Oui, nous avons traité la nourriture (j’y étais tenue par le champ lexical et l’évaluation finale qui avaient été décidés à l’avance) mais… à travers le prisme de « la nourriture chez les vampires de Twilight ». À l’époque, le tome 2 allait sortir au cinéma mais une grande partie des élèves n’en connaissaient pas l’histoire. Et ceux qui la connaissaient en étaient fans.

Réenchanter le monde - couverture du livre Twilight

Couverture du tome 1. Noter la présence de la pomme, élément plus que symbolique dans l’histoire…

C’est l’une des séquences qui a le mieux marché cette année-là. Les différents régimes alimentaires évoqués dans le livre et le film, que ce soient ceux des humains (végétariens contre mangeurs de burgers) ou des vampires (sang humain contre sang animal), nous ont permis d’aborder, grâce à la distance procurée par un ouvrage fantastique, des thèmes sensibles mais qui ont passionné les élèves.
De mon côté j’avais été encouragée par ce succès et ai continué à proposer régulièrement des séquences basées sur mes lectures préférées : « Harry Potter », « The Hunger Games », « Divergent »…

 

Un projet d’écriture collaborative qui remporte un prix

Lorsque j’ai vu passer le projet de concours Arthuriana 2016, je suis tombée amoureuse de la carte de Jasper Fforde représentant la majorité des genres littéraires. Encore aujourd’hui, je ne me lasse pas de l’admirer, car elle est pleine de détails que je n’avais même pas vus la première fois, comme les mains qui parent les côtes du territoire « Horror »… Vous pouvez retrouver cette carte sur le site de l’auteur.

Réenchanter le monde - carte de Jasper Fforde

Heureusement, la classe à laquelle j’enseignais la littérature cette année-là était également fan du projet : inventer une histoire où les personnages (des chevaliers de la Table Ronde) devaient arpenter 5 territoires de la carte. Et chaque fois qu’ils entraient l’un de ces territoires, l’histoire et la narration devaient adopter les codes du genre littéraire concerné.
Mes élèves ont ainsi fait commencer leur histoire dans « Children’s fiction » (littérature jeunesse), puis ils ont enchaîné par les territoires « Horror », « Fantasy », « Women’s fiction » (littérature féministe) avant de terminer dans « Thriller ». Au fur et à mesure que l’on travaillait ensemble sur cette histoire, je me faisais la réflexion qu’on vivait un moment exceptionnel. Leur texte devenait meilleur chaque jour, sans que j’intervienne… Et cela a culminé lors de la remise des prix… où après un suspense insoutenable, nous avons réalisé qu’ils avaient gagné la première place. Un moment inoubliable.

Réenchanter le monde - diplôme gagné par mes élèves

 

Une bataille de rap épique

Mais mon plus beau projet reste celui-ci, complètement fou à la base : réaliser une bataille de rap entre « Harry Potter » et « Le seigneur des anneaux ». Après avoir travaillé de façon « classique » en étudiant des textes tirés des deux histoires, j’avais montré à mes élèves de terminale L les vidéos de « Princess Rap Battle » de Whitney Avalon (ma préférée est celle de Galadriel contre Leia...). Ils se sont alors emparés du projet avec une fougue, un enthousiasme et un talent incroyables, allant bien plus loin que ce que j’avais envisagé. Ils ont même consacré une journée entière, sur leur temps libre, pour tourner la vidéo. Paroles, enregistrement des voix, montage, ils m’ont bluffée sur tous les plans.
Cela reste mon meilleur souvenir d’enseignante et lorsqu’il m’arrive d’avoir des coups de blues, je regarde la vidéo, elle me remonte le moral chaque fois. ♥

Réenchanter le monde - photo de groupe pendant le tournage

Cliquez ici pour voir la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Zc74_Pc0GwY.

 

De la fantasy dans mes livres

En parallèle de mes expériences dans ma salle de classe, j’en tentais d’autres… dans mes livres.

J’ai commencé à écrire en 2012, ai été publiée pour des nouvelles quasiment tout de suite dans deux petites maisons d’édition, puis ai publié mon premier roman en autoédition, « Éclosia ou l’Écosse des légendes ». Je ne savais pas du tout où j’allais avec cette aventure… Que ce soit côté autoédition, où j’ai tout appris sur le tas, ou côté genre littéraire.

Car j’avais inventé quelque chose qui n’existait pas sur le marché du livre : un roman qui se passait dans un pays de nos jours, avec de vraies informations culturelles à la clé… mais où les créatures fantastiques et les dieux faisaient partie des personnages principaux, comme s’ils étaient toujours présents dans notre monde. Un curieux mélange de réalisme et de folklore, qui pouvait tout à fait rebuter les amateurs de fantastique par son aspect « voyage culturel » tout comme les lecteurs de récits de voyage à cause de la dimension « irréaliste »  de telles rencontres dans notre monde moderne.

À ma grande surprise, je n’étais pas seule à rêver de mettre un peu plus de rêve dans ma réalité (une phrase qui est devenue mon slogan depuis). Depuis 2014, date où j’ai publié « Éclosia », ce livre reste mon « best-seller », celui qui continue à se vendre « tout seul », même sans que j’en fasse la promotion. Il a reçu 70 commentaires à ce jour, ce qui est très, très rare dans un monde où les gens ne prennent plus le temps de communiquer leur enthousiasme. Pour ce livre, pour mes autres histoires, les lecteurs ont fait ce geste, touchant et immensément motivant. Ils m’ont donné des ailes… ♥

Réenchanter le monde - 70 commentaires pour Eclosia

Et j’ai ainsi pu leur donner ma plus belle histoire, celle à laquelle j’ai rêvé pendant plus de 7 années avant d’en publier le premier tome, un récit de fantasy pure. Ainsi que je l’espérais, les lecteurs de mes livres « réalistico-merveilleux » ont répondu présents et se sont laissé charmer par « Une autre vie à Citara« . Enchanter, même… 😉

 

« Réenchanter le monde », un concept qui ne vient pas de moi

Lorsque j’ai préparé ma conférence sur la fantasy et sur l’importance qu’elle devait prendre dans nos vies, j’ai évoqué cette thématique et mon but auprès d’un collègue, enseignant d’histoire-géographie, Pierre. Je n’oublierai jamais sa remarque : « alors ainsi, tu marches dans les traces de Max Weber et tu veux réenchanter le monde ? »

À vrai dire, je n’avais jamais entendu parler de cette théorie sur le « désenchantement du monde« , c’est-à-dire « une perte de sens et un déclin des valeurs, du fait que le processus de rationalisation dicté par l’économie tend de plus en plus à imposer ses exigences aux humains » (Max Weber, 1921).

Depuis, j’ai lu beaucoup de choses sur le sujet, visionné des conférences, notamment celles de Thomas d’Ansembourg… et ai réalisé que, oui, ce que je faisais inconsciemment depuis des années, dans mes classes, dans mes livres, sur les réseaux sociaux, c’était précisément cela.

Je cherche à réenchanter le monde.

Réenchanter le monde - sparkler

L’image qui a servi de fond à mes vœux cette année (source : Pixabay).

Et je pense que, sans même le savoir, nous sommes quelques-uns à œuvrer dans ce sens. Je pense à Christine qui poste toujours des images inspirantes sur son mur Facebook, à Acharat ou Mani aux commentaires toujours attentionnés, à Aurélia et ses petits cadeaux réalisés de ses mains autour de mes univers… et tant d’autres que j’oublie au moment d’écrire cet article mais qui, par petites touches, contribuent à rendre le monde meilleur autour d’eux… Le mien l’est, en tout cas, grâce à eux. ♥

Je suis profondément convaincue que ce monde n’a pas besoin de davantage de critiques, davantage de batailles, davantage de tensions. Je crois, comme l’a dit le Dalaï-Lama, que si plus de monde apprenait à méditer la violence disparaîtrait de nos comportements. Peut-être pas une génération, comme il l’a dit, mais cela reste un espoir auquel j’ai envie de croire.

 

Réenchanter le monde - quote Dalai lama

 

C’est pour cela que j’essaie de participer à ce mouvement, dans mes livres, dans mes actes, dans mes articles.

 

Et vous, qu’en pensez-vous ? Êtes-vous séduit par cette idée, cette idée de réenchanter le monde ?

De retrouver ce qui vous faisait vous lever avec des étincelles dans les yeux le jour de Noël ou le matin où la petite souris était passée vous déposer un présent ? 😉

De partager cet entrain, cet enthousiasme pour des choses merveilleuses dans votre entourage ?

Chiche ! ♥